PRÉPARER UN PROJET DE THÈSE SOLIDE

Lorsque vous postulez pour un doctorat (au Maroc ou à n’importe quel pays), il vous sera généralement demandé de soumettre un document appelé « projet de thèse ». Ce projet est considéré comme un résumé concis et cohérent de votre recherche proposée qui expose les principaux problèmes que vous avez l’intention de traiter, et qui décrit le domaine d’études général dans lequel s’inscrit votre recherche, en faisant référence à l’état actuel des connaissances et aux débats récents sur le sujet.

Votre feuille de route s’adressera aux professeurs/laboratoires qui l’évalueront pour s’assurer que vous savez où vous allez, que vous avez tracé le bon itinéraire et que vous avez tous les outils dont vous avez besoin pour y arriver. De plus, ils détermineront si c’est le bon voyage à faire, car ils ne veulent pas que vous vous retrouviez perdu dans les dunes d’un désert intellectuel.

Votre projet de thèse nécessitera des recherches, de la préparation et une vision claire de votre destination finale. Un projet de thèse est généralement structuré autour d’un certain nombre de sections communes, dont chacune vous aidera à établir les plans de votre projet.

Bien que le format des projets soit variable, je vais lister ici les éléments essentiels qui doivent être présents dans votre document et qui vous permettront d’être convaincant.

1- Nom et Prénom du candidat

2- Laboratoire/Équipe de recherche : Chaque université marocaine fédère plusieurs laboratoires de recherche. Commencez par identifier l’université à laquelle vous souhaitez postuler, après, consultez le site web de l’université pour cibler un laboratoire en se basant sur ses axes de recherches. Par exemple, si vous souhaitez travailler sur les indices boursiers dans votre projet de thèse, il faut que vous cibliez un laboratoire qui propose des axes de recherche en relation avec les marchés financiers ou avec la finance en général.

3- Axe de recherche : Un laboratoire rassemble plusieurs équipes de recherche qui travaillent sur des sujets d’études spécifiques (axes de recherche), mais dans un domaine commun et une stratégie commune. Vous trouverez les informations détaillées sur les labos et les axes proposés sur le site de l’université où vous souhaitez postuler.

4- Titre du projet : Le titre est la première chose que votre lecteur lira de votre projet de thèse. Un titre accrocheur vous permettra de vous démarquer du lot en donnant à votre lecteur une idée sur le contenu et les positions défendues dans votre projet. Généralement, le titre doit être court, concis et explicite. Par exemple, vous souhaitez travailler sur l’impact de la responsabilité sociale sur la performance financière des entreprises cotées marocaines et vous estimez répondre à votre problématique en faisant recours à une analyse empirique, vous pouvez donc nommer votre projet : Responsabilité sociale et performance financière : étude empirique sur les sociétés marocaines cotées. Votre lecteur doit trouver dans votre projet tout ce que vous avez promis dans votre titre.

Astuce très importante : Rédigez le titre une fois le projet de thèse terminé, le fait de peaufiner le titre après avoir complété la rédaction vous permet de capter l’essentiel en quelques mots.

5- Définition du projet : La définition doit être concise et précise (environ 10 lignes). Vous pouvez commencer par exemple, par une entrée en matière sur l’importance de votre sujet pour la société (rédigez-la comme si votre lecteur ne connaissait pas le sujet afin qu’elle éveille sa curiosité). De plus, évoquez le fait que les recherches sont peu fréquentes et/ou se concentrent uniquement sur des pays ou des secteurs spécifiques. Puis, lancez l’objectif de votre recherche ainsi que la méthode d’analyse dont vous allez mobiliser pour l’atteindre.

6- Intérêt du sujet : L’intérêt du sujet représente l’impact et les implications du sujet (les contributions principales de votre projet). Cette section peut être divisée par exemple en 2 parties : pour la communauté scientifique et pour les praticiens (vous pouvez ajouter d’autres éléments si vous le souhaitez, comme le développement économique/social/financier d’un pays/groupe de pays/région). Pour la communauté scientifique, vous pouvez parler du fait que les études élaborées sur le sujet sont très rares au Maroc, du coup votre projet vise l’extension de la littérature scientifique ainsi qu’il peut servir de base pour les recherches futures que ce soit pour approfondir le sujet ou pour l’élargir à d’autres horizons. De plus, vous pouvez ajouter les apports théoriques (la contribution de votre sujet aux théories relatives) si vous le souhaitez. Pour les praticiens (professionnels qui travaillent dans des domaines liés au sujet), vous pouvez par exemple indiquer que votre projet apportera des éléments de réponse pouvant guider le processus des décisions financières/stratégiques/opérationnelles ou tout type de décisions, et vous expliquerez.

7- Revue de littérature, question de recherche et hypothèses : Commençons par la revue de littérature, qu’est-ce que cela signifie ? Une revue de la littérature est une enquête basée sur des sources scientifiques (ouvrages, articles, rapports, thèses, etc.) liées à un sujet ou à une question de recherche spécifique. Elle est souvent écrite dans le cadre d’une thèse, d’un mémoire ou d’un article scientifique, afin de situer un travail par rapport aux connaissances existantes. Dans cette section, vous devrez parler de toutes les théories et les études (et de leurs résultats) qui ont été élaborées en relation avec votre sujet, puis vous devrez identifier le « Knowledge Gap » (problème qui n’a été résolu par aucune des études ou recherches existantes dans votre domaine). Par exemple, vous parlerez de toutes les théories et études liées à votre sujet et ensuite vous indiquerez que la plupart des recherches n’ont pas enquêté sur le phénomène « X » que vous souhaiterez analyser dans votre thèse, ou par exemple, que tous les chercheurs ont étudié un phénomène « Y » dans les pays développés alors que personne ne l’a analysé dans le contexte d’un pays en voie de développement, donc l’objectif de votre projet est d’étudier « Y » dans le contexte d’un pays en voie de développement « Maroc par exemple » (même chose pour les secteurs/pays/régions…..), et vous commencerez à expliquer pourquoi il est important d’étudier « Y » au Maroc.

Après avoir parlé des études et théories qui ont été élaborées autour de votre sujet, identifié le « Knowledge Gap » et indiqué l’objectif de votre recherche, la prochaine étape sera de lancer la problématique de votre recherche (la problématique représente la question centrale à laquelle votre thèse va répondre. Elle doit être claire et fournit suffisamment de détails pour que le public puisse facilement comprendre l’objectif de votre recherche sans avoir besoin d’explications supplémentaires). Par exemple, la problématique peut être formulée et écrite comme suit :  » la problématique centrale provisoire de notre thèse s’articule autour de la question suivante : Comment assurer la robustesse et la stabilité du système financier marocain ?  » (gardez à l’esprit que la problématique est provisoire et peut être modifiée après avoir être retenu).

Passons aux hypothèses et aux sous-questions (vous pouvez mettre en avant les deux en même temps, pourtant la plupart des chercheurs soit testent des hypothèses, soit formulent des sous-questions et y répondent). Commençons par les hypothèses. Qu’est-ce qu’une hypothèse dans une recherche scientifique ? Une hypothèse est une proposition relative à l’explication des phénomènes, admise provisoirement avant d’être soumise au contrôle de l’expérience. Autrement dit, une hypothèse est une simple supposition que l’on formule avant l’analyse, et l’on confirme/infirme après l’obtention des résultats de l’analyse. Comment formuler une hypothèse ? Pour être crédible, l’hypothèse doit se baser sur les théories et les résultats des recherches antérieures. Par exemple, un chercheur « X » a étudié l’impact de la responsabilité sociale sur la performance financière des entreprises cotées tunisiennes et a trouvé que l’impact est nul. Même résultat a été trouvé par un autre chercheur « Y » par exemple qui a analysé le même phénomène en Égypt. Une théorie « Z » indique que généralement, dans les pays en voie de développement, l’investisseur n’est pas attiré par la responsabilité sociale. Si je veux travailler sur le même phénomène au Maroc, je peux formuler une hypothèse qui se base sur les résultats des chercheurs « X » et « Y », ainsi que la théorie « Z ». De ce fait, cette hypothèse peut s’écrire comme suit : H1 : Il n’existe aucune relation entre la responsabilité sociale et la performance financière des entreprises cotées marocaines (H1 signifie l’hypothèse numéro 1, d’autres hypothèses peuvent être ajoutées en suivant la même méthodologie (H2, H3, H4 …)). Après l’analyse et l’obtention de mes résultats, je peux infirmer ou confirmer cette hypothèse. Généralement, les chercheurs divisent la question centrale en plusieurs hypothèses/questions plus précises qui permettent d’avoir une idée plus détaillée du problème (la réponse à la question centrale se fait en testant les hypothèses et/ou en répondant aux sous-questions). Les sous-questions s’élaborent de la même manière dont les hypothèses se formulent. Par exemple, une sous-question peut s’écrire comme suit : Existe-t-il une relation entre la responsabilité sociale et la performance financière des entreprises cotées marocaines ?

Astuce très importante : Dans cette partie (revue de littérature, problématique w hypothèses), essayez d’écrire avec un style scientifique. Lorsque les propos exacts d’un auteur sont repris, l’extrait de texte utilisé est mis entre guillemets « » et il est identifié avec ce qu’on appelle « citation de référence » qui contient les informations suivantes mises entre parenthèses : (Nom (s) de l’auteur(s), et date de publication de l’ouvrage/thèse/article/rapport …). Par exemple : « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. » (Albert Einstein, 1940). Lorsque les opinions ou les idées d’un auteur sont reformulées ou résumées dans vos propres mots, il est alors nécessaire d’accompagner la reformulation avec le(s) nom(s) de l’auteur(s) original et la date de publication. Par exemple : Vivre dans la vie, c’est comme conduire un vélo, ce n’est que lorsqu’on avance qu’on peut confortablement maintenir notre équilibre (Albert Einstein, 1940) -ou bien- Albert Einstein (1940) a indiqué que le fait de vivre la vie est similaire à la conduite d’un vélo, ce n’est que lorsqu’on avance qu’on peut confortablement maintenir notre équilibre.

Important : Dans tous les cas, les références complètes des citations de références sont toujours citées dans la bibliographie à la fin du document. Par exemple : Albert Einstein (1940). « De l’influence de la gravitation sur la propagation de la lumière », La revue Annalen der Physik, vol. 19, n°4, p. 369-372.

Pourquoi devriez-vous écrire cette partie exactement avec un style scientifique ? Votre travail en tant qu’étudiant consiste uniquement à analyser les documents déjà publiés afin d’identifier le « Knowledge Gap » et de formuler une question centrale et des hypothèses/sous-questions. Les autres paragraphes/phrases doivent être liés avec leurs citations de références, car elles ne vous appartiennent pas. De ce fait, vous devez identifier les idées, les faits, les pensées et les concepts qui vous appartiennent et ceux qui sont dérivés de la recherche et du travail d’autres personnes. Que vous résumiez, paraphrasiez ou utilisiez des citations directes, si ce n’est pas votre idée originale, la source doit être mentionnée. Ce style de rédaction permet de renforcer la crédibilité du contenu et affirmer le sérieux de la recherche tout en prenant en compte le lectorat.

8- Théories mobilisées : (cette section est facultative, mais elle est vivement recommandée, car elle donnera à votre projet plus de force et d’harmonie ce qui augmentera vos chances d’être retenu) Les théories mobilisées sont les théories les plus importantes liées aux concepts clés de votre recherche que vous prendrez en considération dans votre étude afin d’obtenir vos résultats. Chacune de ces théories doit être mentionnée et discutée dans cette section. La discussion doit montrer comment votre projet utilisera ces théories et les poussera plus loin. Vous pouvez par exemple tester la validité d’une théorie dans un contexte spécifique (non examiné auparavant), utiliser une théorie existante comme base pour l’interprétation de vos résultats, critiquer ou remettre en question une théorie, et/ou combiner différentes théories d’une manière nouvelle ou unique.

Comment puis-je trouver les théories liées à mon sujet ? Il suffit de lire les articles scientifiques, les ouvrages et les thèses élaborées autour de votre sujet pour trouver les théories adéquates à mobiliser.

9- Terrain de recherche : Représente le milieu/lieu que le chercheur entend étudier dans le but de collecter les données sous le cadre d’une recherche scientifique. Par exemple, un chercheur compte travailler sur la performance financière des banques marocaines, donc son terrain de recherche est le secteur bancaire marocain.

10- Positionnement épistémologique et choix méthodologiques : (préparez-vous, nous allons plonger dans le monde de la philosophie) Dans cette section vous pouvez mettre en avant 4 éléments, à savoir :

  • Positionnement épistémologique
  • Méthodologie
  • Raisonnement
  • Exploration

10-1- Positionnement épistémologique : L’épistémologie peut être définie comme la philosophie de connaissance (la manière dont nous pouvons acquérir la connaissance du monde), la théorie des sciences ou la théorie de la connaissance (définition large, vous comprendrez plus tard, veuillez lire la suite). Généralement il existe deux 2 familles de paradigmes épistémologiques, à savoir : les paradigmes inscrits dans une orientation réaliste (le positivisme, le post-positivisme et le réalisme critique), et les paradigmes inscrits dans une orientation constructiviste (l’interprétativisme, le post-modernisme et le constructivisme). Ces paradigmes constituent autant de modèles, schémas intellectuels et cadres de référence dans lesquels peuvent s’inscrire les chercheurs.

Positivisme : Selon ce paradigme, le but de la science est de découvrir la réalité (l’ensemble des lois qui régissent le monde) à travers son comportement (principe ontologique – hypothèse réaliste). C’est-à-dire que la réalité existe même si elle n’est pas encore exposée, et la mission du chercheur est de la découvrir à travers les chaines de causalité (principe de la causalité). Au niveau des travaux scientifiques, un chercheur adopte une posture positiviste lorsqu’il veut expliquer et prédire le comportement d’un phénomène par une méthode déductive (chemin rationnel, expérimental, principe de causalité, et validation empirique des énoncés hypothétiques). Par exemple, lorsqu’il veut déterminer les facteurs qui influencent la performance financière des entreprises cotées marocaines (le rôle du chercheur ici réside dans l’explication (en se basant sur la causalité et la déduction) plutôt que dans la compréhension de la relation entre les facteurs et la performance).

Post-potivisme (positivisme aménagé) : Le post-positivisme partage avec le positivisme le postulat de l’ontologie réaliste (principe ontologique – hypothèse réaliste) et celui de la causalité (principe de la causalité), et se distingue en se basant sur le principe de « la réfutation » (la réalité ne peut être connue que de manière probabiliste). Le chercheur qui adopte une posture post-positiviste accepte l’existence de l’erreur et considère les résultats et les conclusions de sa recherche comme étant probables tant qu’ils ne sont pas réfutés (cela doit être mentionné dans son document scientifique).

Réalisme critique : Comme avec le positivisme et le post-positivisme, le réalisme critique adopte le postulat de l’ontologie réaliste et celui de la causalité. Il partage avec le post-positivisme l’idée qu’on ne peut que se rapprocher de la vérité (la réalité ne peut être connue que de manière probabiliste). Ce qui distique le réalisme critique est le fait qu’il encourage la réflexion sur des questions clés pour savoir pourquoi les relations sont restées les mêmes (ou ont changé), et surtout, quelles étaient les conditions nécessaires pour que cela soit possible. Les méthodes de recherche réalistes critiques sont principalement axées sur la compréhension, plutôt que sur la simple description, de la réalité. Le chercheur qui adopte une posture réaliste critique tente d’identifier les structures, les mécanismes et les processus connexes par lesquels la nature de la relation (entre la performance et les facteurs qui l’influencent par exemple) est réalisée au fil du temps.

Interprétativisme : L’interprétivisme propose qu’il existe des réalités multiples et non uniques des phénomènes et stipule que la production de la connaissance dépend de l’environnement, des pensées et les actions des individus guidées par les intentions et les finalités de ces derniers. En d’autres termes, l’interprétativisme repose sur l’interprétation ou la compréhension des significations que les humains attachent à leurs actions. Par exemple, un chercheur interprétativiste pourrait interroger les dirigeants d’une entreprise sur les raisons qui les ont poussés à prendre une décision de fusion avec une autre entreprise. En termes de collecte de données, l’approche interprétiviste favorise les études de cas, les observations participantes, les entretiens, les questionnaires, et les analyses de discours.

Post-modernisme : Le post-modernisme remet en cause le positivisme (la recherche de lois universelles et de la réalité) au profit d’une approche prenant en compte la diversité de points de vue, le fait qu’il n’y a pas qu’une seule vérité, et la prise en compte de la parole des minorités. Le post-modernisme est un mouvement culturel en général qui tend vers l’appréciation de la diversité, de la pluralité, de l’abondance et de la fragmentation en acceptant les contradictions, la banalité et l’ironie. En affirmant connaître la vérité, le chercheur post-moderniste exerce un pouvoir, car sa voix est exposée au détriment de celle des autres. Le mouvement féministe peut également être considéré comme typiquement post-moderne, car il rejette les autorités traditionnelles et vise à construire un nouveau concept de féminité et à changer les relations de pouvoir entre les sexes. Le postmoderne a connu quelques années de popularité au cours des années 1990, mais après cela, il a presque disparu du discours scientifique.

Constructivisme : D’un point de vue épistémologique, le constructivisme soutient que chaque individu à une vision singulière de la réalité et du monde qui l’entoure (il existe de multiples réalités socialement construites, qui ne sont pas gouvernées par des lois naturelles, causales ou d’autres sortes). Chaque individu construit ses propres règles et modèles mentaux, déterminant sa vision du monde. Le constructivisme fonde sa théorie sur le principe que les individus construisent des connaissances plutôt que de les absorber (ceci développe des compétences avancées telles que la pensée critique, l’analyse, l’évaluation et la création de nouvelles approches). Un exemple de constructivisme est lorsqu’un chercheur construit une nouvelle approche de la gestion des ressources humaines dans la fonction publique (la co-construction des connaissances ici se fait entre le chercheur et les praticiens dans un processus itératif).

Nous concluons que le projet du positivisme/post-positivisme est d’expliquer la réalité, celui du réalisme critique/interprétativisme est de comprendre cette réalité et celui du post-modernisme/constructivisme est de la construire.

10-2- Méthodologie : La méthode de recherche est le processus choisi par le chercheur pour répondre de manière empirique à sa question de recherche. Il existe trois types de méthodes de recherche : la méthode quantitative, la méthode qualitative et la méthode mixte.

Méthode quantitative : La recherche quantitative fait référence à l’investigation empirique systématique des phénomènes par des techniques statistiques, mathématiques ou computationnelles (les résultats sont exprimés en chiffres). Les données sont collectées par le biais des sondages, des questionnaires et d’enquêtes, et/ou en manipulant des données statistiques préexistantes à l’aide des techniques informatiques.

Méthode qualitative : La recherche qualitative est une approche holistique qui implique la découverte et nécessite des données texturales afin de répondre aux questions de la recherche. Il existe plusieurs méthodes pour mener une recherche qualitative, à savoir : les entretiens, les analyses de contenu, les études de cas, les études ethnographiques, les études théoriques ancrées, et les études phénoménologiques.

Méthode mixte : La méthode mixte cherche à intégrer les méthodes quantitatives et qualitatives dans la même étude pour répondre à la problématique de recherche.

10-3- Raisonnement : Le raisonnement est la capacité de penser logiquement pour formuler des jugements justes et justifier une position. En d’autres termes, il s’agit d’identifier, d’analyser et d’évaluer les arguments (la démarche scientifique repose sur la construction d’un raisonnement logique et argumenté). Généralement on distingue 3 types de raisonnement, à savoir : le raisonnement inductif, déductif et abductif.

Le raisonnement inductif : part d’observations particulières pour aboutir à une conclusion de portée générale.

Le raisonnement déductif : part d’une idée générale pour en déduire des propositions particulières.

Le raisonnement hypothético-déductif : forme du raisonnement déductif qui vise la déduction des conclusions sur un phénomène à partir de la confirmation ou l’infirmation des pures hypothèses formulées en se basant sur les théories/les résultats des études antérieurs/les faits réels.

Le raisonnement abductif : consiste à inférer les causes probables à un fait observé. Autrement dit, il s’agit d’établir la cause la plus vraisemblable à un fait constaté et d’affirmer à titre d’hypothèse que le fait en question résulte probablement de cette cause.

10-4- Exploration : L’exploration peut être définie comme un examen approfondi d’un sujet « X ». Un chercheur fait un travail exploratoire pour savoir quelle méthode utiliser pour collecter les données, comment aborder au mieux le sujet de recherche, ou même quelles sortes de questions sont raisonnables à poser. Il existe trois types d’exploration, à savoir : l’exploration théorique, l’exploration empirique et l’exploration hybride.

L’exploration théorique : est une approche qui se base sur la liaison entre minimum deux champs théoriques (ou disciplines) qui n’ont jamais étés liés dans des travaux antérieurs. Généralement, l’exploration théorique se fait en faisons recours au raisonnement inductif. Ceci guide le chercheur à procéder par analogie entre des champs différents afin de tisser un lien entre deux champs théoriques qui n’ont pas encore été liés.

L’exploration empirique : est une approche qui consiste à explorer un phénomène en se basant sur des connaissances approfondies sur le sujet. Cette voie permet théoriquement de créer des nouveaux objets indépendants des connaissances antérieures. Cette exploration ne s’adapte que lorsque le chercheur travaille sur des phénomènes mal connus ou inconnus, dont il ne dispose pas d’une base de connaissances. L’induction pure représente la démarche la plus logique associée à ce type d’exploration, puisqu’elle favorise les inférences de nature nouvelle.

L’exploration hybride : est une approche qui consiste à opérer durant toute la recherche entre les connaissances théoriques et les observations du chercheur. En adoptant une exploration hybride, le chercheur doit s’appuyer sur un raisonnement abductif, puisqu’il va se baser sur la littérature et procéder par des allers-retours entre les données empiriques et les théories liées à l’objet de sa recherche.

Astuce très importante : vos choix épistémologiques et méthodologiques doivent s’appuyer sur des argumentations logiques qui prennent en considération l’objet de votre recherche.

11- Calendrier de la recherche : représente le planning prévisionnel du déroulement de votre thèse. Voici un exemple :

Première année

– Étudier toute la littérature qui traite le sujet XXXXX.

– Définir le sujet de manière précise : motivations, intérêts, contexte, domaines d’application et perspectives.

– Faire surgir la problématique finale.

– Participation à des Journées Doctorales afin de présenter le domaine de recherche et ses premières idées à l’ensemble de la communauté de recherche.

– Élaborer un premier rapport qui consiste à fixer le déroulement de la suite de la thèse.

– En fin de 1ère année, si la recherche bibliographique est suffisamment conséquente, bien structurée et vue sous un angle nouveau, un article dans un journal ou une revue peut être soumis pour présenter cet état de l’art.

Deuxième année

– Mois de janvier : Présenter un article de la littérature.

– Mois de janvier – février : Collecter les données.

– Mois d’avril – mai : Présenter le résultat de la collecte de donnée.

– Mois de juin : Présenter les premiers résultats des tests empiriques.

– Mois de juillet – août : Discuter les résultats empiriques.

Troisième année

– Mois d’octobre – novembre : Présenter un article empirique.

– Mois de décembre – mai : Discuter et rédiger la thèse.

– Mois de juin – septembre : Fin de rédaction de la thèse et présoutenance.

– Mois d’octobre – novembre : Soutenance de la thèse.

12- Bibliographie : La bibliographie est une liste structurée de références de documents (ouvrages, articles scientifiques, rapports, thèses, etc.) généralement écrits qui permet au lecteur d’approfondir ou compléter le travail de recherche du sujet traité. Faire une bibliographie c’est assurer l’intégrité intellectuelle de son travail, se prémunir du plagiat et créditer les personnes dont les travaux précédents ont contribué à la construction de la recherche (la bibliographie doit contenir les références de tous les documents dont vous vous êtes basés sur pour rédiger votre document classées par ordre alphabétique des noms d’auteurs). Les références listées dans la bibliographie doivent écrites avec un style très spécifique (les styles varient principalement dans la séquence de présentation des éléments : auteur(s), date, titre, etc.). Les styles bibliographiques les plus utilisés sont : American Medical Association (AMA), American Psychological Association (APA), Chicago Manual of Style, Harvard Reference format 1, IEEE, National Library of Medicine, Nature Journal, et Vancouver. Il existe plusieurs logiciels de gestion bibliographique qui permettent la rédaction des citations et la récupération automatique des références selon un style bibliographique sélectionné à savoir, Zotero, Mendeley, et EndNote (ces logiciels sont très faciles à manipuler et vous aideront beaucoup lors de la préparation de votre projet de thèse).

La majorité des références dans votre bibliographie doivent être récentes et relatives aux articles scientifiques rédigés en anglais. Pourquoi ? L’attention portée aux articles scientifiques/documents récents indique vous êtes a jour vis-à-vis les derniers avancements relatifs à votre problématique et démontre que vous avez effectué un examen approfondi de la littérature de votre sujet et, par conséquent, vous rapportez vos recherches d’un point de vue éclairé et engagé de manière critique (un référencement médiocre peut être considéré comme un signe de paresse intellectuelle, de pensée peu claire et d’écriture inexacte).

Qu’est-ce qu’un article scientifique ? Un article scientifique (parfois appelé « publication scientifique ») est un écrit à caractère scientifique exposant généralement les résultats originaux d’une recherche, rédigé par un ou plusieurs chercheurs et publié dans une revue scientifique. C’est à travers les articles scientifiques que le savoir produit par les chercheurs est rendu accessible. Il existe trois types d’articles scientifiques :

Article de recherche : présente les résultats originaux d’une recherche scientifique (c’est le type d’article qui est le plus fréquemment rédigé par les chercheurs).

Article de synthèse : est une synthèse bibliographique qui pour objectif la présentation d’un état de l’art sur un sujet X.

Note de recherche : est un document préliminaire à un article de recherche plus complet.

Qu’est-ce qu’une revue scientifique ? Une revue scientifique (ou journal en anglais) est une publication périodique composée d’articles scientifiques écrits par des chercheurs. La plupart des revues scientifiques sont dirigées par un éditeur scientifique et possèdent un comité de lecture (évaluateurs externes et spécialistes des sujets dans lesquels se spécialise la revue) et un comité éditorial (chercheurs/professionnels œuvrant dans le domaine couvert par la revue et responsables de sa gestion). Une revue scientifique est dite indexée si elle figure dans la base de données d’un organisme (éditeur scientifique) connu qui classe et sélectionne les revues selon plusieurs critères. Les fameuses bases de données des éditeurs scientifiques qui classent les revues sont : SCOPUS, Web of science, EBSCO, MedLine, PubMed, et EMBASE. Où puis-je trouver les articles scientifiques, les ouvrages, les thèses, et les rapports ? Généralement, vous les trouverez en cherchant dans les moteurs de recherches et les bases de données suivantes :

https://scholar.google.fr/ (tous types de documents)

https://www.researchgate.net/ (tous types de documents)

https://www.sciencedirect.com/ (articles et ouvrages)

https://www.cairn.info/ (articles et ouvrages)

https://www.jstor.org/ (articles et ouvrages)

https://www.elsevier.com/ (articles et ouvrages)

https://www.scopus.com/ (articles et ouvrages)

http://www.theses.fr/ (thèses)

https://hal.archives-ouvertes.fr/ (articles et thèses)

http://www.sudoc.abes.fr/ (tous types de documents)

http://theses.unistra.fr/ (thèses)

https://oatd.org/ (thèses)

https://www.scholarvox.com/ (articles, ouvrages et thèses)

https://toubkal.imist.ma/ (thèses soutenues dans les universités marocaines)

https://otrohati.imist.ma/ (thèses en cours de préparation dans les centres des études doctorales marocains)

Parfois, vous allez trouver que l’accès à certains articles est payant. Dans ce cas, vous devez soit acheter ces articles, soit contacter un ami qui a un accès libre à la base de données des articles en question (fourni par son université) afin qu’il puisse les télécharger pour vous.

La consultation des sites Otrohati et Toubkal vous permettra à la fois d’avoir une idée sur l’originalité de votre sujet (s’il est consommé ou non), et d’identifier les laboratoires qui travaillent sur des sujets et projets similaires pour les cibler après.

Mohammed Amine